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mardi 22 février 2011

The Best of Carlos Gardel


Lors de la saison 2006-2007, la troupe de l'Homme en noir - dans laquelle j'officie, entre autres, en tant que comédien amateur et concepteur de l'affiche et du programme - a monté Kroum l'ectoplasme, une pièce de l'Israélien Hanokh Levin. Dans cette comédie amère et vitriolée, j'avais un double rôle aux antipodes : Dulce, bonhomme rondouillard qui ne pense qu'à se la remplir (la panse) et qui en crève, et Bertoldo, étalon italien, qui ne s'exprime qu'en italien et est la parure de Tswista "la tourterelle".
Pour ce second personnage - qui m'allait, lui aussi, comme une moufle -, sa deuxième apparition était une scène de tango. Il faut vous avouer que je n'étais pas chaud, vu que moi, la danse... "Euh, non merci, désolé, j'ai les pieds gonflés." Mais bon. Le metteur en scène avait décidé et il fallait m'y plier.
Et c'est alors que j'ai vu, à la télévision, en zappant sur un épisode de la série nord-américaine Nip/Tuck, ça :



Avouez que ç'a la grande classe. Même si le danseur a une tête d'abruti et de faux jeton, faire quelques pas aussi élégants avec Joely Richardson, je ne dis pas non. Et puis cette musique... déjà entendue en 1992 dans Le Temps d'un week-end (Scent of a woman, de Martin Brest), dans la scène du tango entre Albert Pacino aveugle et Gabrielle Anwar.
Je m'en mis en quête.
Je découvris rapidement (merci Internet) qu'il s'agit de Por una cabeza, de Carlos Gardel, chanson qui raconte l'histoire d'un pari sur le mauvais cheval avec allégorie envers la gent féminine - après tout, on a bien fait des chansons sur "bébé, tu ne peux pas conduire ma voiture" ou "comme un pont sur des eaux tumultueuses".
Je me rendais donc dans mon supermarché de la culture (toujours le même, celui avec quatre lettres, que si tu rajoutes un "a", ce sont des anciens combattants) et dégotais ce CD "meilleur de". Las. Trop de paroles et c'est la version instrumentale qu'il me fallait puisque je voulais également l'enchaîner avec Cité Tango de Gotan Project - l'autre titre utilisé dans Nip/Tuck (thanks again Internet) - pour un temps total de cinq minutes et cinquante-quatre secondes nécessaire afin de monter cette scène du Hanokh Levin. Je finis par trouver (sur Internet encore) "ma" version instrumentale de Por una cabeza, celle, tout bêtement, d'Astor Piazzolla et la mixai.

Une page de Tango, d'Hugo Pratt (doc. DR).
Dans cette scène de bal, Tswista et Bertoldo exécutaient un tango langoureux puis Kroum prenait la place de l'Italien et dansait fort mal. La finalité de cette scène était que Tswista, riche croqueuse d'hommes, allait jeter le beau pour céder à la nouveauté du peu gracieux, que les mâles, de toute façon, étaient une marchandise comme les autres et qu'elle, celle que tout le monde pensait être la femme du quartier qui avait réussi sa vie en en le quittant, celle qui revenait parfois pour étaler ses richesses sans expliquer ce besoin de retour aux sources, n'était pas davantage heureuse dans son écrin de vulgarité.
J'eus deux Tswista lors des représentations de Kroum : une brune en juin et une blonde à la rentrée de septembre.
Avec la brune Pauline, nous regardâmes un DVD d'apprentissage du tango et copiâmes à peu près la chorégraphie de la scène de Nip/Tuck, avec cette descente grand écart au début du morceau. Lors de la représentation à l'occasion de notre festival d'été, des membres du club de tango argentin, ceux-là même qui nous chauffaient la salle (polyvalente) de répétition le vendredi soir, vinrent nous voir pour nous proposer leurs services, afin que notre danse, dès les premières dates automnales, ressemble plus à quelque chose conventionnel et gracieux.
En septembre, avec la blonde Joëlle, nous arrivions un heure avant notre horaire de répétition afin de prendre des cours de tango argentin, sur notre musique. On nous enseigna les pas de base, les déplacements, le guidage et quelques "arabesques" sensuelles du plus bel effet. Chaque vendredi, je prenais de plus en plus de plaisir à retrouver le parquet sur lequel nous glissions consciencieusement afin d'offrir au public la meilleure prestation possible - nous sommes amateurs, certes, mais nous imposons une limite à la médiocrité, un mot disparu, d'ailleurs, de notre vocabulaire théâtral.
Là, je fais une pause, je dois dégonfler mes chevilles, sinon, pour le tango, ce n'est pas pratique.



Ca ouvre des perspectives, n'est-ce pas ?
Reprenons. Je me découvrais un véritable plaisir pour cette danse et mes deux personnages étaient désormais aux antipodes, si bien qu'une soirée, après le final - pendant lequel j'apparaissais systématiquement en Dulce -, des spectateurs s'étonnèrent que l'Italien n'était pas venu saluer.
Arrivons-en enfin au CD The Best of Carlos Gardel. Pas grand chose à en dire : 54'24'' de vieux morceaux grésillants, genre 78 tours, avec pas mal d'émotions et de tremoli dans la voix de Gardel. Le document sonore d'une époque en Argentine, qui fait penser à Tango, d'Hugo Pratt (Corto Maltese), avec les machos bien sapés.
Parmi les chansons, Volver, un classique repris par Penelope Cruz dans le film éponyme de Pedro Almodovar. Et, bien sûr, Por una cabeza :