Kill the young est le titre du premier album de ce groupe éponyme composé de trois frangins de Manchester (Angleterre, Royaume-Uni). En 2005, à sa sortie, l'image de la pochette m'avait bien plu, avec cette momie en rose écrasant son mégot sur un 33 tours. Et puis, je me suis méfié : trop "clean", trop provoc' recherchée pour être honnête. J'ai donc laissé le skeud dans le rayon, sans même l'écouter.
Jusqu'à jeudi... Chez mon (pas cher) Noz, au détour d'un bac, j'ai trouvé le CD pour 1,95 euro. Donc j'ai pris.
Bon. Ca envoie un peu de bois. Mais alors des petits tasseaux, bien poncés. Attention je ne dis pas que ça ne s'écoute pas. Juste que... rien de nouveau. Parfois même, en entendant des riffs de "guitare cornemuse" de certains morceaux, on se dit que ces petits jeunes-là ont un peu pompé le Big Country de 1983 (The Crossing). Mais un plagiat bien sage, alors. Quant à la provoc' affichée, pas grand chose à en retirer.
Voilà, voilà. En même temps, ce n'est que le premier album, il y en peut-être eu un de la maturité depuis 2005 ?
Bon, déjà l'heure du titre en vidéo. J'ai eu du mal à en trouver un de cet album, vous me pardonnerez donc de remettre celui du "teasing colonne" avec comme illustration la pochette du CD.
Pourquoi j'ai cet album de Joe Jackson ? Eh bien, je le possède en 33 tours vinyl et en mini-cassette alors, quand est sortie cette "deluxe edition" en CD, j'en ai profité pour le racheter afin de pouvoir de nouveau l'écouter sur les moyens modernes, usuels et imposés de lecture de disque.
Voilà. End of the story. Merci d'être passé...
Quoi, c'est un peu court ? Oui, autant que vos commentaires inexistants ! Et puis, c'est un peu personnel, voyez-vous... Enfin, très personnel.
C'était en 1983, en seconde partie d'année, au quatrième trimestre pour être plus précis. Je quittais ma Champagne (ça marche aussi sans le "h") pouilleuse pour rallier la grande ville, avec sa grande université où j'étais admis (1500 dossiers d'inscription, 80 retenus à l'examen de sélection et 40 au final dans la promo) pour mon rêve de métier. C'était en banlieue bordelaise, à Talence-Gradignan - la frontière était assez floue sur le terrain bien que précise sur le papier puisque l'IUT (Institut universitaire de technologie) se trouvait à Talence et dès que je franchissais le trou dans le grillage pour rentrer dans ma piaule de l'Enita (Ecole nationale d'ingénieurs des travaux agricoles), j'étais à Gradignan... sans compter qu'un bout du vaste campus se situait à Pessac, etc.
A l'Enita, l'IUT avait l'usufruit de quatre chambres : deux pour des étudiants anglais - en fait, je n'y ai connu que des sujettes de sa glorieuse majesté ! - et les deux autres pour des "iutiens" au domicile très éloigné. J'eus donc la chance (encore une !) d'avoir un des sésames, l'autre revenant à une jeune femme d'Yvetot, en Haute-Normandie. Bref : Gironde - Marne ou Gironde - Seine-Maritime, nous ne rentrions que lors des vacances universitaires et nous croisions régulièrement dans les couloirs de notre résidence universitaire ou de notre IUT - nous étions tous deux en "carrières de l'information" mais dans deux options différentes.
Un dimanche, j'entendis frapper à la porte de m chambre... alors que j'étais en train de rincer mon linge sous les douches communes - une technique tout à fait personnelle qu'alors j'exécutais habillé. Dégoulinant, je surgis de la salle d'eau pour découvrir cette petite Haute-Normande aux cheveux hirsutes, dans le couloir, nécessitant quelque chose que le voisin devait bien pouvoir lui prêter - le sel, de l'encre, une serpillière, que ne sais-je, je n'ai plus souvenir et peut-être n'était-ce qu'un prétexte ?
De cet événement naquit notre liaison, notre "love affair". Night and day datant de 1982, c'est elle, en grande fan de Joe Jackson, qui me fit découvrir cet album. "Mais ça, je connais !" m'écriais-je, entendant le dernier titre de la face A (musicassette), Steppin' out, bombardé à la radio et devenu même un morceau joué en boîte de nuit, entre I'm so excited des Pointer Sisters et Do you really want to hurt me ? de Culture Club (l'est nul ce DJ !).
Pour en arriver enfin à l'album. Le CD reprend le principe du 33t (ou de la K7) original, sauf qu'avec ces ancêtres-là, il fallait faire physiquement l'effort de retourner le vinyl sur la platine ou la cassette dans le lecteur (je ne vous parle pas, vous, les fainéants avec un "autoreverse" !) pour changer de monde.
Je m'explique.
La face A, ce sont cinq morceaux qui s'enchaînent avec un "fade out/in", ce qui crée un univers : imaginez-vous sur un trottoir, face à une fenêtre ouverte, en train d'épier ce que l'occupant de la pièce écoute comme musique ; à un moment, vous "zappez", c'est à dire que vous reprenez votre cheminement sur le trottoir, arrivez devant une autre fenêtre ouverte avec une autre musique mais vous avez encore des bribes de la précédente. Bon, d'accord, c'est le principe des morceaux enchaînés sauf que... le tout est très cohérent. Joe Jackson nous ballade dans sa ville (New York ou une autre, fantasmée), dans sa vie, aux ambiances musicales multiples.
D'ailleurs, l'artiste nous avertit d'emblée : dès les premières notes, à l'aune de ces premiers accents déchirants ("I was so low...") vous entrez dans Another world ("un autre monde", NDR). Dès lors, vous avez les clefs pour la suite de la face A, qui se termine par le fameux et rythmé Steppin' out après être passé par l'inquiétant Chinatown, le sautillant TV age et le latino Target. Le tout dans une ambiance très cinématographique, trouvé-je.
La face B diffère tout en restant en cohérence. On s'attend, de nouveau, à des morceaux enchaînés et la plage d'ouverture (Breaking us in two) ne le dément pas, avec son piano et ses percus désormais familiers, donnant une impression de continuité avec la face A. Mais, à la fin du morceau... blanc ! On repart avec Cancer et toujours ce trio voix-piano-percus qui fait la sauce, le lien. Real Men marque une rupture ; on passera sur ce titre, virtuose mais sans conteste le plus faible de l'album.
On passera... pour en arriver plus vite à ce qui est probablement la "masterpiece" de Night and day, les sept minutes et trois secondes de A slow song, titre qui démarre tout doux, nous entraîne sur des fausses pistes, reprend son cours pour finalement exploser en cet indescriptible coït mélodieux qu'est son refrain. Une chanson simple mais efficace, volontairement sur un rythme supposé lent, à ranger dans la catégorie des "slows arrache-quéquette", on l'aura compris.
Ah oui... Le CD est "deluxe edition" et contient donc des "bonus tracks" : les démos de six titres de l'album permettent de bien mesurer le (parfois court) chemin parcouru entre l'idée et la réalisation finale ; la "soundtrack" de Mike's murder (James Bridges, 1984, avec Debra Winger), que Joe Jackson considère comme une continuité de Night and day, est d'un niveau moindre sans être anecdotique ; et quelques morceaux "live" pour finir la galette - c'est ça en contient un CD mon brave monsieur !
Ma sélection vidéo est Another world en prise directe plateau télé, titre qui ouvre l'album et vous donnera l'envie, j'espère, d'écouter la suite. Et vous pourrez constater que Joe Jackson n'est pas sexiste.
Vous vous devez de posséder cet album ne serait-ce que pour sa plage d'ouverture, African Reggae. C'est mon cas. Je l'ai acheté pour ce morceau. Certes, en profitant d'une opération "plus t'en achètes, moins ils te coûtent" chez notre chère Fédération nationale d'achats des cadres.
Je ne sais pas où vous étiez en 1979 - comment ça, toi, au fond, t'étais même pas un spermatozoïde et toi, là-bas, t'es seulement né l'année de la grande canicule alors tu n'avais que 3 ans ? Ben c'est pas une raison ! - mais j'ai l'impression d'avoir été bombardé de cet ovni musical sur toutes les radios périphériques, sur les plateaux de télé les plus stricts. Imaginez cette espèce de personnage cartoonesque et quelque peu effrayant qu'est Nina Hagen, éructer en allemand, yodler et imiter le coucou suisse sur une musique reggae complètement allumée d'électronique. Ah, c'est sûr, c'est autre chose que le gentillet reggae à la Police !
Nina Hagen, Berlin, 1979
(photo Alain Bizos).
Sans compter que, chez moi, du côté de l'est de la France, la rancoeur des anciens était encore bien tenace en cette fin de 70's. "Eteins-moi cette sale Bosche !", ça fait bizarre à entendre pour un ado qui a des liens d'amitié outre-Rhin grâce aux échanges scolaires. C'et sûr que comparé à J'ai la guitare qui me démange (79 aussi), ça donne plutôt "J'ai la Teutonne qui me dérange" pour mémé.
Eh bien c'est voulu ! La preuve, le titre de l'album que n'importe quel germanophile considère outre le jeu de mots : "Unbehagen" signifie "malaise", dans le sens "gêne". Et c'est réussi. Au-delà de ce tube, la totalité des huit autres titres est dérangeante, carrément aussi voire plus déroutante que ce tube Rheinggae.
Et ce, grâce, principalement, à la voix de la diva (Nena et son 99 Luftballons, à côté, c'est de la guimauve trempée dans du sirop d'érable) du band auquel elle donne son nom. Nina joue avec sa tessiture, se moque des classiques, les réinvente ; son band lui invente des ambiances musicales très imagées et, curieusement, très dansantes - on passait ça dans les boums et on s'éclatait !
Quant aux textes... on s'y intéresse parfois plus tard, quand on a fini de bouger son corps sur des rythmes indécents. Ca parle d'une gamine qui voudrait que les garçons soient moins cons (Wenn ich ein Junge war), des ravages de la drogue (Herrmann Hiess Er, quel chef-d'oeuvre !), d'une virée joyeuse à la fête foraine avec référence aux Clash (Auf'm Rummel), d'ados qui découvrent "l'amour" (Fall in love mit mir)...
Lors de la saison 2006-2007, la troupe de l'Homme en noir - dans laquelle j'officie, entre autres, en tant que comédien amateur et concepteur de l'affiche et du programme - a monté Kroum l'ectoplasme, une pièce de l'Israélien Hanokh Levin. Dans cette comédie amère et vitriolée, j'avais un double rôle aux antipodes : Dulce, bonhomme rondouillard qui ne pense qu'à se la remplir (la panse) et qui en crève, et Bertoldo, étalon italien, qui ne s'exprime qu'en italien et est la parure de Tswista "la tourterelle".
Pour ce second personnage - qui m'allait, lui aussi, comme une moufle -, sa deuxième apparition était une scène de tango. Il faut vous avouer que je n'étais pas chaud, vu que moi, la danse... "Euh, non merci, désolé, j'ai les pieds gonflés." Mais bon. Le metteur en scène avait décidé et il fallait m'y plier.
Et c'est alors que j'ai vu, à la télévision, en zappant sur un épisode de la série nord-américaine Nip/Tuck, ça :
Avouez que ç'a la grande classe. Même si le danseur a une tête d'abruti et de faux jeton, faire quelques pas aussi élégants avec Joely Richardson, je ne dis pas non. Et puis cette musique... déjà entendue en 1992 dans Le Temps d'un week-end (Scent of a woman, de Martin Brest), dans la scène du tango entre Albert Pacino aveugle et Gabrielle Anwar.
Je m'en mis en quête.
Je découvris rapidement (merci Internet) qu'il s'agit de Por una cabeza, de Carlos Gardel, chanson qui raconte l'histoire d'un pari sur le mauvais cheval avec allégorie envers la gent féminine - après tout, on a bien fait des chansons sur "bébé, tu ne peux pas conduire ma voiture" ou "comme un pont sur des eaux tumultueuses".
Je me rendais donc dans mon supermarché de la culture (toujours le même, celui avec quatre lettres, que si tu rajoutes un "a", ce sont des anciens combattants) et dégotais ce CD "meilleur de". Las. Trop de paroles et c'est la version instrumentale qu'il me fallait puisque je voulais également l'enchaîner avec Cité Tango de Gotan Project - l'autre titre utilisé dans Nip/Tuck (thanks again Internet) - pour un temps total de cinq minutes et cinquante-quatre secondes nécessaire afin de monter cette scène du Hanokh Levin. Je finis par trouver (sur Internet encore) "ma" version instrumentale de Por una cabeza, celle, tout bêtement, d'Astor Piazzolla et la mixai.
Une page de Tango, d'Hugo Pratt (doc. DR).
Dans cette scène de bal, Tswista et Bertoldo exécutaient un tango langoureux puis Kroum prenait la place de l'Italien et dansait fort mal. La finalité de cette scène était que Tswista, riche croqueuse d'hommes, allait jeter le beau pour céder à la nouveauté du peu gracieux, que les mâles, de toute façon, étaient une marchandise comme les autres et qu'elle, celle que tout le monde pensait être la femme du quartier qui avait réussi sa vie en en le quittant, celle qui revenait parfois pour étaler ses richesses sans expliquer ce besoin de retour aux sources, n'était pas davantage heureuse dans son écrin de vulgarité.
J'eus deux Tswista lors des représentations de Kroum : une brune en juin et une blonde à la rentrée de septembre.
Avec la brune Pauline, nous regardâmes un DVD d'apprentissage du tango et copiâmes à peu près la chorégraphie de la scène de Nip/Tuck, avec cette descente grand écart au début du morceau. Lors de la représentation à l'occasion de notre festival d'été, des membres du club de tango argentin, ceux-là même qui nous chauffaient la salle (polyvalente) de répétition le vendredi soir, vinrent nous voir pour nous proposer leurs services, afin que notre danse, dès les premières dates automnales, ressemble plus à quelque chose conventionnel et gracieux.
En septembre, avec la blonde Joëlle, nous arrivions un heure avant notre horaire de répétition afin de prendre des cours de tango argentin, sur notre musique. On nous enseigna les pas de base, les déplacements, le guidage et quelques "arabesques" sensuelles du plus bel effet. Chaque vendredi, je prenais de plus en plus de plaisir à retrouver le parquet sur lequel nous glissions consciencieusement afin d'offrir au public la meilleure prestation possible - nous sommes amateurs, certes, mais nous imposons une limite à la médiocrité, un mot disparu, d'ailleurs, de notre vocabulaire théâtral.
Là, je fais une pause, je dois dégonfler mes chevilles, sinon, pour le tango, ce n'est pas pratique.
Ca ouvre des perspectives, n'est-ce pas ?
Reprenons. Je me découvrais un véritable plaisir pour cette danse et mes deux personnages étaient désormais aux antipodes, si bien qu'une soirée, après le final - pendant lequel j'apparaissais systématiquement en Dulce -, des spectateurs s'étonnèrent que l'Italien n'était pas venu saluer.
Arrivons-en enfin au CD The Best of Carlos Gardel. Pas grand chose à en dire : 54'24'' de vieux morceaux grésillants, genre 78 tours, avec pas mal d'émotions et de tremoli dans la voix de Gardel. Le document sonore d'une époque en Argentine, qui fait penser à Tango, d'Hugo Pratt (Corto Maltese), avec les machos bien sapés.
Parmi les chansons, Volver, un classique repris par Penelope Cruz dans le film éponyme de Pedro Almodovar. Et, bien sûr, Por una cabeza :
Quasi même "punition" que le CD précédemment chroniqué. Je traînais, en l'an 2000, dans les travées disques de la fnac de Vélizy II (Yvelines), en quête de nouveaux sons, de nouveaux bouts de plastique à rapporter à la maison afin de les classer par ordre alphabétique dans une discothèque aux proportions déjà trop encombrantes.
J'étais donc au rayon jazz & blues - non, Rémi B., Rachelle Ferrell, ce n'est pas du R'n'B ! - lorsque je chaussais un casque. Si vous êtes des habitués de la fnac, vous connaissez ces bancs de sélection, avec quatre pochettes de CD sur lesquelles il faut pousser avec les doigts pour en écouter des extraits.
Je me souviens avoir sélectionné Lisa Ekdahl - qui se trouve au jazz car la fnac s'acharne à ne pas proposer de rayon "chanteuse à petite voix" - et craqué immédiatement dès la plage 1 (lire l'épisode précédent).
Et puis j'ai vu cette black hilare, à la coiffure de mine marine, devant ce mur aux masques africains. D'emblée sympathique, la Rachelle. J'ai poussé. Premiers accords funky avec une bonne grosse basse qui envoie, la dame a de la voix et sait la maîtriser, la rendre sexy.
J'avoue que je ne la connaissais pas bien qu'elle ait commencé à chanter en 1967 (l'année de mes 4 ans, elle en avait 6), que sa carrière fut lancée en 1975 comme choriste (Lou Rawls, Patti "Voulez-vous coucher avec moi ce soir" [1] LaBelle, Vanessa Williams ou George Duke [2]) et en 1990 pour son premier album solo.
Plage 2. Le choc. "Tiens P., écoute ça !" Et elle, pareil. Le skeud était déjà dans ma main mais je remettais le casque sur mes oreilles. Quelle tessiture ! Ces "Sista" (titre du morceau) déchirants et amoureux. Un hymne dédié à toutes les femmes (noires) du monde, à toutes celles qui se dressent fièrement et refuse d'être asservie. Musicalement, un hit en puissance (voir en vidéo, ci-dessous).
Plage 3 (Will you remember me ?), oui Rémi B., ça ressemble à du "contemporary R&B".
La 4 (I forgive you), une balade tristounette, qui permet néanmoins d'admirer une fois de plus l'impressionnante amplitude vocale de Rachelle Ferrell - probablement quatre octaves quoiqu'on lui en prête six !
La 5 (I gotta go), un morceau "cool attitude", comme je les aime chez Al Jarreau, par exemple.
La 6 (Why you wanna mess it all up) débute par du piano genre sirop d'ascenseur made by Dave Grusin & Lee Ritenour mais ça s'améliore dès les premiers laps de basse ; cela reste tout de même, en plein milieu de l'album, le morceau le moins convainquant car trop technique, trop démonstratif.
La plage 7 (Gaia) pourrait, de prime abord, figurer dans une compilation de musique relaxante en vente chez Nature et découverte, à côté des fontaines zen attrape-poussière à la con. Mais c'est en fait un slow arrache-quéquette, voire un morceau de chambre de substitution si vous avez égaré votre Barry White.
On continue un peu dans le même registre avec Run to me (plage 8) mais là, ça commence à devenir agaçant parce que Rachelle nous refait le coup de la sirène du mercredi midi.
La plage 9 (Reflections of my heart) est un duo avec Russ Barnes (pas le joueur de hockey !) qui continue d'étirer la guimauve. Là, franchement, ça commence à gaver. Le morceau suivant aurait intérêt à...
Yes ! De la basse funky, du synthé, des choeurs à la Chaka Khan, un Satisfied que ne renierait d'ailleurs pas la chanteuse de soul de Chicago et dont Sinclair aurait pu s'inspirer. Mais c'est là le hic : rien de bien nouveau.
Et enfin arrive ce I can explain, onzième et ultime plage de l'album. Un morceau piano-voix (batterie et basse n'étant là que pour appuyer le propos), magnifique, plein de belle souffrance, qu'on a envie d'avoir mal comme ça pour chanter si bien, de verser des larmes sur l'ivoire. Allez, je ne résiste pas, c'est cadeau : second extrait vidéo ci-dessous.
Au final, un CD que j'ai eu tout de même plaisir à sortir des rayonnages. Même s'il confirme, parfois, que trop de technique peut tuer l'émotion.
[1] A noter que le morceau Lady Marmelade datant de décembre 1974 - je me rappelle avec émotion, l'été suivant, de cette gamine italienne, Simona, qui, alanguie sur la balancelle de la pensione Caldari, à Rimini (Emilia-Romagna), me chantait, avec son accent transalpin, "Voulez-vous coucher avec moi, ce soir ?" et moi, du haut de mes 11 ans et demi, lui répondant innocemment et à l'envi : "Oui, oui, oui..." -, Rachelle Ferrell, 13 ans, n'a pas pu faire les choeurs sur l'enregistrement original.
Une toute petite voix, presque enfantine mais à la maîtrise parfaite, me susurre à l'oreille une jolie mélodie acidulée. Elle chante dans un souffle, un truc sur une aurore, que la lune est encore dans le ciel, quelle surprise, elle ferme les yeux et rêve de moi...
Ah... Qu'elles sont belles ces paroles de Salvadore Poe, subtile alliance de Salvatore Adamo et d'Edgar Allan Poe à moins que ce ne soit le mélange improbable d'Henri Salvador avec Po, la plus petite des femelles Teletubbies.
Mais viens, jolie blonde menue. Viens Lisa, prends ma main et allons gambader pieds nus dans la rosée du matin d'un grand champ de fleurs, comme dans une pub pour le shampoing Timotei.
Et puis c'est qui ce Salvadore que tu chantes ? Un ami à toi ? Ah. C'est ton mec. Bon, ben, désolé, c'est vraiment un manque de pot. Enfin, je voulais dire qu'il y a trop de Poe pour que tu m'ais dans la peau, bébé. Et comme on dit : où il va, ses potes iront. Haha... Bon, c'est pas le tout, mes cheveux sont propres et j'ai un sanglier sur le feu alors... Ciao Lisa.
Ce sings Salvadore Poe fut, en l'an 2000 - probablement l'euphorie d'avoir échappé au fameux bug -, un achat coup de coeur, à la fnac de Vélizy II (Yvelines) : tu glandes dans les travées, te poses un casque sur les oreilles et as un flash en entendant Daybreak, le premier morceau de l'album. Tu fais pas gaffe - "Je le veux ! Je - le - veux !" - et te retrouves à la caisse avec ça et le prochain CD qui sera chroniqué en ces lieux.
Et puis, dans la bagnole qui te ramène dans ta province beauceronne, tu commences à regretter : la suite de l'album n'est qu'un grand karaoké sur des airs de bossa, avec une unique chanteuse qui monopolise le micro pour treize autres titres.
Des années plus tard, tu te rends compte que des petites voix à la Lisa Ekdahl, tu shootes dans une émission de téléréalité musicale et il en tombe une demi-douzaine.
Rien d'original donc. Cependant, j'ai toujours le coeur qui s'étreint (de marchandises) en entendant ça - qui, signalons-le, existe aussi en version française (quel bon filon !) et s'intitule L'Aurore :
Bon, alors là, pas de problème : Daft n'étant pas un prénom, c'est bien à la lettre "D" qu'il faut ranger ce CD - je dis ça pour le keum qui s'obstine à ranger Matt Bianco dans les "B", John Lee Hooker dans les "L" et Prefab Sprout dans les "S".
Sinon...
Quand je pars en vacances ou pour un long trajet en bagnole, j'ai une petite sacoche dans laquelle je peux glisser vingt-six CD et Discovery fait souvent la navette (humour !) pour ne pas dire toujours.
J'ai dû, comme pas mal de personnes, avoir connaissance de ce disque par les clips passés, dans l'ordre chronologique, à la télé. C'était sympa ces petits personnages manga, l'histoire de ce groupe qu'un méchant producteur modèle contre leur volonté. Un peu manichéen mais sympa comme tout.
Ce n'est pas pour autant que je me suis précipité, au bout de quatre tubes, acheter le CD. Non, non, non... J'ai attendu une opération fnac genre "le CD, 7 euros, les cinq pour 20 euros" pour l'acquérir. D'ailleurs, pour ce qui est du DVD avec tous les clips de Leiji Matsumoto, j'ai profité des soldes chez Carrouf : Interstella 5555 et D.A.F.T. (avec les clips du chien à la patte cassé et Around the world) pour, genre, 5 euros... mais là, je m'égare, revenons à Discovery.
Ce qui est étrange avec ce disque, c'est que chaque morceau est familier parce que chaque plage contient un son familier, déjà entendu ailleurs, chez un autre artiste, un autre groupe : là, un vocoder, là encore la cloche de Hell's bells ou de The Division bell (oui, c'est la même, probablement Big Ben), ici un sample de guitare, un break qui en rappelle un autre appartenant aux classiques du rock, un peu de piano électrique à la Supertramp, une vieille boîte à rythmes... Enfin, vous voyez ce que je veux dire ?
Car voir est aussi le verbe de Discovery : sans connaître les clips, vous pouvez vous faire votre cinéma dessus (la preuve ci-dessous, avec "l'ultrabuzzé" Daft hands).
D'aucuns diront : album commercial, formaté pour plaire au plus grand nombre et tu en fais la démonstration. Je rétorque : concept album, continuité mélodique concourant à un aspect symphonique de fin de siècle et tout le tralala verbeux... Résumons : j'aime.
Et principalement deux plages : la 6 - j'aime souvent la plage 6 d'un album, ne me demandez pas pourquoi, c'est comme ça ou alors les producteurs de skeuds me ciblent ;) -, Nightvision, morceau le plus calme de l'album ; et la 9, Something about us (vidéo ci-dessous), et là c'est surtout le côté basse funky qui me plaît et un peu les paroles, qui parlent simplement d'un amour impossible.
En revanche, c'est suivi de l'horrible Voyager, un morceau tout pourri qu'on dirait un fond sonore pour égrainer des pubs et des remerciements de sponsors sur une radio locale qui veut se la péter.
Et forcément, c'est là que le bât blesse : après s'être énervé à écouter Voyager, il faut se reconcentrer pour écouter les quatre dernières plages et l'album n'est plus tout à fait aussi enchanteur qu'au début. Et comme l'affirme l'ultime morceau : Too long, trop long, ç'aurait pu s'arrêter à la plage11, Veridis quo - même côté animation manga, ça fait une bonne fin.