dimanche 27 février 2011

Joe Jackson - Night and day


Pourquoi j'ai cet album de Joe Jackson ? Eh bien, je le possède en 33 tours vinyl et en mini-cassette alors, quand est sortie cette "deluxe edition" en CD, j'en ai profité pour le racheter afin de pouvoir de nouveau l'écouter sur les moyens modernes, usuels et imposés de lecture de disque.
Voilà. End of the story. Merci d'être passé...
Quoi, c'est un peu court ? Oui, autant que vos commentaires inexistants ! Et puis, c'est un peu personnel, voyez-vous... Enfin, très personnel.
C'était en 1983, en seconde partie d'année, au quatrième trimestre pour être plus précis. Je quittais ma Champagne (ça marche aussi sans le "h") pouilleuse pour rallier la grande ville, avec sa grande université où j'étais admis (1500 dossiers d'inscription, 80 retenus à l'examen de sélection et 40 au final dans la promo) pour mon rêve de métier. C'était en banlieue bordelaise, à Talence-Gradignan - la frontière était assez floue sur le terrain bien que précise sur le papier puisque l'IUT (Institut universitaire de technologie) se trouvait à Talence et dès que je franchissais le trou dans le grillage pour rentrer dans ma piaule de l'Enita (Ecole nationale d'ingénieurs des travaux agricoles), j'étais à Gradignan... sans compter qu'un bout du vaste campus se situait à Pessac, etc.
A l'Enita, l'IUT avait l'usufruit de quatre chambres : deux pour des étudiants anglais - en fait, je n'y ai connu que des sujettes de sa glorieuse majesté ! - et les deux autres pour des "iutiens" au domicile très éloigné. J'eus donc la chance (encore une !)  d'avoir un des sésames, l'autre revenant à une jeune femme d'Yvetot, en Haute-Normandie. Bref : Gironde - Marne ou Gironde - Seine-Maritime, nous ne rentrions que lors des vacances universitaires et nous croisions régulièrement dans les couloirs de notre résidence universitaire ou de notre IUT - nous étions tous deux en "carrières de l'information" mais dans deux options différentes.
Un dimanche, j'entendis frapper à la porte de m chambre... alors que j'étais en train de rincer mon linge sous les douches communes - une technique tout à fait personnelle qu'alors j'exécutais habillé. Dégoulinant, je surgis de la salle d'eau pour découvrir cette petite Haute-Normande aux cheveux hirsutes, dans le couloir, nécessitant quelque chose que le voisin devait bien pouvoir lui prêter - le sel, de l'encre, une serpillière, que ne sais-je, je n'ai plus souvenir et peut-être n'était-ce qu'un prétexte ?
De cet événement naquit notre liaison, notre "love affair". Night and day datant de 1982, c'est elle, en grande fan de Joe Jackson, qui me fit découvrir cet album. "Mais ça, je connais !" m'écriais-je, entendant le dernier titre de la face A (musicassette), Steppin' out, bombardé à la radio et devenu même un morceau joué en boîte de nuit, entre I'm so excited des Pointer Sisters et Do you really want to hurt me ? de Culture Club (l'est nul ce DJ !).
Pour en arriver enfin à l'album. Le CD reprend le principe du 33t (ou de la K7) original, sauf qu'avec ces ancêtres-là, il fallait faire physiquement l'effort de retourner le vinyl sur la platine ou la cassette dans le lecteur (je ne vous parle pas, vous, les fainéants avec un "autoreverse" !) pour changer de monde.
Je m'explique.
La face A, ce sont cinq morceaux qui s'enchaînent avec un "fade out/in", ce qui crée un univers : imaginez-vous sur un trottoir, face à une fenêtre ouverte, en train d'épier ce que l'occupant de la pièce écoute comme musique ; à un moment, vous "zappez", c'est à dire que vous reprenez votre cheminement sur le trottoir, arrivez devant une autre fenêtre ouverte avec une autre musique mais vous avez encore des bribes de la précédente. Bon, d'accord, c'est le principe des morceaux enchaînés sauf que... le tout est très cohérent. Joe Jackson nous ballade dans sa ville (New York ou une autre, fantasmée), dans sa vie, aux ambiances musicales multiples.
D'ailleurs, l'artiste nous avertit d'emblée : dès les premières notes, à l'aune de ces premiers accents déchirants ("I was so low...") vous entrez dans Another world ("un autre monde", NDR). Dès lors, vous avez les clefs pour la suite de la face A, qui se termine par le fameux et rythmé Steppin' out après être passé par l'inquiétant Chinatown, le sautillant TV age et le latino Target. Le tout dans une ambiance très cinématographique, trouvé-je.
La face B diffère tout en restant en cohérence. On s'attend, de nouveau, à des morceaux enchaînés et la plage d'ouverture (Breaking us in two) ne le dément pas, avec son piano et ses percus désormais familiers, donnant une impression de continuité avec la face A. Mais, à la fin du morceau... blanc ! On repart avec Cancer et toujours ce trio voix-piano-percus qui fait la sauce, le lien. Real Men marque une rupture ; on passera sur ce titre, virtuose mais sans conteste le plus faible de l'album.
On passera... pour en arriver plus vite à ce qui est probablement la "masterpiece" de Night and day, les sept minutes et trois secondes de A slow song, titre qui démarre tout doux, nous entraîne sur des fausses pistes, reprend son cours pour finalement exploser en cet indescriptible coït mélodieux qu'est son refrain. Une chanson simple mais efficace, volontairement sur un rythme supposé lent, à ranger dans la catégorie des "slows arrache-quéquette", on l'aura compris.
Ah oui... Le CD est "deluxe edition" et contient donc des "bonus tracks" : les démos de six titres de l'album permettent de bien mesurer le (parfois court) chemin parcouru entre l'idée et la réalisation finale ; la "soundtrack" de Mike's murder (James Bridges, 1984, avec Debra Winger), que Joe Jackson considère comme une continuité de Night and day, est d'un niveau moindre sans être anecdotique ; et quelques morceaux "live" pour finir la galette - c'est ça en contient un CD mon brave monsieur !
Ma sélection vidéo est Another world en prise directe plateau télé, titre qui ouvre l'album et vous donnera l'envie, j'espère, d'écouter la suite. Et vous pourrez constater que Joe Jackson n'est pas sexiste.

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