lundi 21 février 2011

Rachelle Ferrell - Individually (can I be me ?)


Quasi même "punition" que le CD précédemment chroniqué. Je traînais, en l'an 2000, dans les travées disques de la fnac de Vélizy II (Yvelines), en quête de nouveaux sons, de nouveaux bouts de plastique à rapporter à la maison afin de les classer par ordre alphabétique dans une discothèque aux proportions déjà trop encombrantes.
J'étais donc au rayon jazz & blues - non, Rémi B., Rachelle Ferrell, ce n'est pas du R'n'B ! - lorsque je chaussais un casque. Si vous êtes des habitués de la fnac, vous connaissez ces bancs de sélection, avec quatre pochettes de CD sur lesquelles il faut pousser avec les doigts pour en écouter des extraits.
Je me souviens avoir sélectionné Lisa Ekdahl - qui se trouve au jazz car la fnac s'acharne à ne pas proposer de rayon "chanteuse à petite voix" - et craqué immédiatement dès la plage 1 (lire l'épisode précédent).
Et puis j'ai vu cette black hilare, à la coiffure de mine marine, devant ce mur aux masques africains. D'emblée sympathique, la Rachelle. J'ai poussé. Premiers accords funky avec une bonne grosse basse qui envoie, la dame a de la voix et sait la maîtriser, la rendre sexy.
J'avoue que je ne la connaissais pas bien qu'elle ait commencé à chanter en 1967 (l'année de mes 4 ans, elle en avait 6), que sa carrière fut lancée en 1975 comme choriste (Lou Rawls, Patti "Voulez-vous coucher avec moi ce soir" [1] LaBelle, Vanessa Williams ou George Duke [2]) et en 1990 pour son premier album solo.
Plage 2. Le choc. "Tiens P., écoute ça !" Et elle, pareil. Le skeud était déjà dans ma main mais je remettais le casque sur mes oreilles. Quelle tessiture ! Ces "Sista" (titre du morceau) déchirants et amoureux. Un hymne dédié à toutes les femmes (noires) du monde, à toutes celles qui se dressent fièrement et refuse d'être asservie. Musicalement, un hit en puissance (voir en vidéo, ci-dessous).


Plage 3 (Will you remember me ?), oui Rémi B., ça ressemble à du "contemporary R&B".
La 4 (I forgive you), une balade tristounette, qui permet néanmoins d'admirer une fois de plus l'impressionnante amplitude vocale de Rachelle Ferrell - probablement quatre octaves quoiqu'on lui en prête six !
La 5 (I gotta go), un morceau "cool attitude", comme je les aime chez Al Jarreau, par exemple.
La 6 (Why you wanna mess it all up) débute par du piano genre sirop d'ascenseur made by Dave Grusin & Lee Ritenour mais ça s'améliore dès les premiers laps de basse ; cela reste tout de même, en plein milieu de l'album, le morceau le moins convainquant car trop technique, trop démonstratif.
La plage 7 (Gaia) pourrait, de prime abord, figurer dans une compilation de musique relaxante en vente chez Nature et découverte, à côté des fontaines zen attrape-poussière à la con. Mais c'est en fait un slow arrache-quéquette, voire un morceau de chambre de substitution si vous avez égaré votre Barry White.
On continue un peu dans le même registre avec Run to me (plage 8) mais là, ça commence à devenir agaçant parce que Rachelle nous refait le coup de la sirène du mercredi midi.
La plage 9 (Reflections of my heart) est un duo avec Russ Barnes (pas le joueur de hockey !) qui continue d'étirer la guimauve. Là, franchement, ça commence à gaver. Le morceau suivant aurait intérêt à...
Yes ! De la basse funky, du synthé, des choeurs à la Chaka Khan, un Satisfied que ne renierait d'ailleurs pas la chanteuse de soul de Chicago et dont Sinclair aurait pu s'inspirer. Mais c'est là le hic : rien de bien nouveau.
Et enfin arrive ce I can explain, onzième et ultime plage de l'album. Un morceau piano-voix (batterie et basse n'étant là que pour appuyer le propos), magnifique, plein de belle souffrance, qu'on a envie d'avoir mal comme ça pour chanter si bien, de verser des larmes sur l'ivoire. Allez, je ne résiste pas, c'est cadeau : second extrait vidéo ci-dessous.


Au final, un CD que j'ai eu tout de même plaisir à sortir des rayonnages. Même s'il confirme, parfois, que trop de technique peut tuer l'émotion.

[1] A noter que le morceau Lady Marmelade datant de décembre 1974 - je me rappelle avec émotion, l'été suivant, de cette gamine italienne, Simona, qui, alanguie sur la balancelle de la pensione Caldari, à Rimini (Emilia-Romagna), me chantait, avec son accent transalpin, "Voulez-vous coucher avec moi, ce soir ?" et moi, du haut de mes 11 ans et demi, lui répondant innocemment et à l'envi : "Oui, oui, oui..." -, Rachelle Ferrell, 13 ans, n'a pas pu faire les choeurs sur l'enregistrement original.
[2] qui participe à cet album Individually.

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